The Bikeriders

REALISATEUR: Jeff Nichols (USA) // GENRE: drame, reconstitution historique // SORTIE: 2024

Si Easy Rider avait popularisé le film de bikers à la fin des années 60, cela fait longtemps que le genre n'avait plus la cote. A contre-courant des modes, Jeff Nichols, réalisateur originaire de l’Arkansas, sort en 2024 un film dédié aux bandes de motards, intense et d’une grande beauté visuelle.

L’esthétique du film - gomina, cuir et mécanique - s’inspire des photos de Danny Lyon, un photographe qui a suivi une bande de motards de Chicago, les Outlaws, de leur apparition au début des années 1960 à leur déclin en 1975. Une démarche qu’avait aussi entreprise le fameux journaliste Hunter S. Thompson, en s’embarquant au sein d’une bande de Hells Angels de San Francisco, dont il avait réussi à tirer, au péril de sa vie, un livre hallucinant (Hell's Angels: The Strange and Terrible Saga of the Outlaw Motorcycle Gangs, 1967).

C’est par la voix d’une jeune femme, Kathy, que nous sont contés l’ascension et le déclin des Vandals, club de motards crasseux créé au début des années 60 par Johnny, chauffeur de camions et passionné de motocross. Ce dernier a eu une révélation lorsqu’il a vu à l’écran Marlon Brando en biker glamour dans L’équipée sauvage (1953). Kathy, midinette sans histoires, se retrouve un soir, bien malgré elle, dans le bar qui tient lieu de repère aux Vandals. Elle est horrifiée par ce qu’elle y voit: une bande de dégénérés, assoiffés d’alcool et grossiers. Jusqu’à ce que son regard croise celui de Benny, beau gosse (Austin Butler) et tête brûlée des Vandals. Tout s’enchaîne alors à vitesse grand V: après une virée nocturne sur la Harley Electra Glide 66 de Benny, le coup de foudre se transforme en mariage, en l’espace de quelques semaines, et la bande qui l’effarouchait tant devient du coup sa nouvelle famille.

Cockroach, Funny Sonny, Zipco, Benny, Johnny, les Vandals regroupent une belle galerie de mavericks qu’une certitude rassemble: ils vont mourir d’ennui si leur avenir se résume à devenir les champions de baseball de leurs collèges… Ne partageant pas les goûts de leurs congénères, ils rejoignent le club pour se démarquer et provoquer. Tout le monde a envie d’appartenir à un mouvement, comme le dit l’un des personnages, et c’est finalement l’histoire de ces groupes en marge que raconte The Bikeriders, de cette culture des outsiders qui est souvent le berceau de la création en art, en musique, au cinéma.

Mais une fois constitués en groupes, que se passe-t-il ? Les Vandals commencent à s’organiser, à se donner des règles. De marginaux, ils deviennent des parties comme les autres de la société, rentrant à nouveau dans le moule. Le film fait très justement le portrait de cette période de libération et de création intense, montrant au final que ce n’était qu’une parenthèse, un moment éphémère de fraternité, vite rattrapé par la violence et le conformisme.

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Incroyable mais vrai